lundi, août 31, 2009

Rouge-déclic

Pour Rougelarsenrose, il est tout naturel de parler du tout premier numéro de la revue Rouge-déclic, et la parenté ne semble pas être seulement onomastique…

Annonçant 7 numéros – jusqu’en 2013, donc – Rouge-déclic a bien compris que la contrainte était porteuse de liberté et entend explorer ses enthousiasmes sans affadir l’aventure.

Citant notamment dans son manifeste numérique : Golden Gate de Vikram Seth, Nathalie Quintane, Didier da Silva, Jean Échenoz, Olivier Cadiot, Céline Minard, Mathias Énard et des « points de suspension non indispensables » mais que l’on se prend à imaginer… le numéro 0 qui sortira en octobre 2009 donnera à lire entre autres à lire des textes de : Lise Beninca, Éric Chevillard, Frédéric Ciriez, Ludovic Degroote, Alban Lefranc, Nina Yargekov. À noter aussi une très intéressante rubrique « des variations littéraires (le futur est derrière nous) » accueillant, dans ce numéro, Hélène Bessette et Joseph Delteil.

Je n’ai pas encore la revue entre les mains mais à peine reçu sa présentation et sa couverture, je n’ai pas pu résister à l’envie de vous inciter à la guetter dans votre librairie favorite ou à vous y abonner – ce qui n’est guère dispendieux – car cela s’annonce assez culte…

dimanche, août 30, 2009

Au Chili

Au Chili, il fait froid en été qui est l’hiver.

Au Chili, la lune semble à 90° quand on a l’habitude de la voir depuis l’Europe – ou alors les cartes postales mentent.

Au Chili, la lune est énorme – ou alors photoshopée, et les cartes postales mentent.

Au Chili, je n’ai pas vu la lune qui se cachait derrière les nuages.

Au Chili, on dit que le temps évolue à chaque changement de lune.

Au Chili, il y a du papier toilette dans les toilettes des universités et des bouteilles d’eau portant le logo de l’université – j’aurais aimé aller à l’université au Chili.

Au Chili, la télévision de ma chambre d’hôtel ressemblait à celle de ma grand-mère. N’ayant plus de télévision depuis 1994, cela m’a permis d’approcher cet appareil bombé et familier sans appréhension ni télécommande.

Au Chili, Anne-James Chaton pourrait être millionnaire – en Pesos chiliens.

Au Chili, il y a des livres dans les clubs de jazz – en tout cas au Thelonius.

Au Chili, « después » se prononce à peu près « de’pué’ » et « yesterday » « ye’terday ».

Au Chili, il semble y avoir une certaine obsession concernant les maladies cardio-vasculaires.

Au Chili, il semble y avoir une certaine obsession concernant d’éventuels fruits ou légumes importés.

Au Chili, il peut faire en 30 et -2 °.

Au Chili, on peut aller du désert à la montagne – qui est une sorte de désert.

Au Chili, on est tombé sur Andy Moor alors qu’Anne-James Chaton était en train de prononcer son nom. C’était assez bizarre. Joachim Montessuis a dit : « Il est apparu comme un rabbit sort d’un chapeau. »

L’île de Pâques fait partie du territoire chilien.



À l'ami Vicente Perez de Arce.

Vous pouvez également voir cette vidéo sur le site Dailymotion pour éviter que le 16/9 ne soit amputé.

samedi, août 29, 2009

Alegre Porto Alegre (mais saudade)

Comme promis, quelques mots sur le très dense séjour à Porto Alegre et São Leopoldo, au Brésil, plus exactement dans le Rio Grande do Sul, dans le cadre du séminaire « La machinerie de l’art », école temporaire d’art France-Brésil.

Des conférences d’une très grande tenue – j’étais notamment très intimidée d’intervenir en compagnie du professeur et écrivain Luis Augusto Fischer… –, un accueil comme on n’en connaît peu – trop peu – en France, une terre qui respire comme un animal serein… Bref, merci à ceux qui se reconnaîtront pour l’invitation et ravie de rencontres dont certaines prennent le chemin d’une amitié sûre.

Parmi les découvertes artistiques fortes : Walmor Corrêa – dont je vous laisse découvrir quelques œuvres –, l’architecture de la Fondation Iberê Camargo réalisée par Álvaro Siza.

Allez, zou, des photos de Porto Alegre !

jeudi, août 27, 2009

En attendant Mauricette

Mauricette Beaussart a un secret. Ce secret ronge Mauricette Beaussart. Mais la rongeant, il s’enfle de mots, bégaie les souvenirs, colorie le quotidien noir cèdre ou jaune cahier, hoquette en bouffée d’angoisse, énigme les indices, déroule son chemin sonore, polyphrène. Mauricette Beaussart a 75 ans. Elle est née à Steenbecque, dans le Nord. Elle sera institutrice comme sa mère, amatrice de poésie, voyageuse, sédentaire, souvent perdue, toujours étrange. Elle porte un cabas vert en guise de sac à main. Vit chichement dans la maison héritée de ses grands-parents. Elle a deux proches amis, Christophe Moreel et Alfonsina Vandenbeulque. Elle vient de s’enfuir de la clinique arborée où l’on soigne sa santé mentale.

On ne découvre pas Mauricette Beaussart à l’occasion de la sortie de sa Patience puisqu’on lisait son blog , en 2006, Étoile point étoile, blog détruit – dans le livre et dans la « vraie vie » – puis recommencé – les archives semblant irrémédiablement inaccessibles – le 6 mai 2009 : « Je ne suis pas usurpatrice, mais j’ai des blancs à compléter sur la pointe des pieds au risque des crampes. Je ne suis pas tombée malgré la mise dans l’abyme de ma santé mentale. Je suis l’authentique Mauricette Beaussart revenue de la maison des remords. » Mauricette Beaussart a également publié dès 1991 en revues papier ou Internet ainsi que dans l’anthologie Cadavre grand m’a raconté (Le Corridor bleu, 2006). Liens tissés entre toile et papier, frontière floutée entre fiction et réalité, apparaît donc un personnage pas comme les autres, hétéronyme plus que protagoniste, dans la tradition – et l’amitié – des doubles foisonnants et picards d’Ivar Ch’vavar – grand ordonnateur de Cadavre grand m’a raconté, entre autres aventures éditoriales.

On ne découvre pas non plus Lucien Suel romancier à force de Patience, puisque son Mort d’un jardinier (La Table ronde, 2008), nous l’avait déjà révélé, brillamment, comme tel. Ce bas monde étant parfois bien fait, La Critique Elle-Même s’en était émue, filant la métaphore en rivages mondiaux, célébrant l’avènement en chant de Figaro, ici et là. Lucien Suel réalise donc, en Monsieur Jourdain de l’ambition, l’idéal de nombreux poètes : être reconnu dans l’épreuve de l’écriture romanesque. J’ajouterai que s’il y réussit, c’est justement parce qu’il ne l’a pas cherché, il ne veut pas séduire, il écrit. Il est lui. Simple, raffiné, généreux. S’il y réussit, c’est que pour lui, le roman n’est pas épreuve, étape ou tapette à Prix mais prolongement logique de son œuvre poétique – à découvrir absolument si, fasciné par les méandres lunaires de la petite fille septuagénaire, on veut comprendre la genèse de sa création.

On ne dévoilera pas le mystère de Mauricette Beaussart. Pour le découvrir, il faudra vous donner la possibilité de vivre une belle aventure esthétique et lire impatiemment les épisodes de sa Patience. Juste une précision lexicographique en pâture d’avant-première : « Patience » vient du latin « patientia » : « supporter, endurer » – ce que l’on tait. L’évolution lexicale voit apparaître son adjectif substantivé « patient », désignant notamment le malade par rapport au médecin. « Patience » peut également signifier « réussite », en jeu solitaire – cartes tirées ainsi en 1811 chez Stendhal, page 90 chez Madame Beaussart. On ajoutera simplement en guise de cerise d’épilogue que son phrasé rappelle les grands noms de l’Art Brut. Que le roman charrie cette langue dans toute sa précieuse rugosité tout en ménageant les effets requis par le genre. Qu’enfin, oui, c’est confirmé, elle est retrouvée Mauricette, plus en forme que jamais.


La Patience de Mauricette
Lucien Suel
La Table Ronde
En librairie le 3 septembre.

{Texte à paraître dans quelques jours dans La Revue littéraire n°41.}

vendredi, août 14, 2009

Le « cadavre exquis » de l’écrivain

... Tel était le titre de ma conférence dans le cadre de la manifestation se déroulant il y a quelques jours à Porto Alegre et São Leopoldo (Brésil, Rio grande do Sul) : La Machinerie de l’art : La création collective et le concept en art.

En voici la présentation :

On a en général de l’écriture une image solitaire. Et bien souvent, elle l’est. Expérience retirée, expérimentation entre soi et soi – avant de rencontrer le regard du lecteur. Mais on oublie ainsi que la pratique de l’écriture n’est pas antinomique de créations collectives comme en témoignent de nombreux courants littéraires historiques ou actuels et, plus modestement, ma propre pratique d’écrivain et d’éditeur. De chantiers en blogs collectifs, en passant par la publication en revues, on évoquera cette tendance qui peut faire de l’écrivain d’avantage un « cadavre exquis » mû par un désir d’échanges qu’un « style » esseulé.

Mon alter ego brésilien, quant à lui, l’écrivain et professeur Luis Augusto Fischer, a parlé de l’écrire et du lire, se basant sur son expérience de lecteur, d’écrivain et d’animateur d’atelier d’écriture.

D’autres intervenants, français et brésiliens, ont traité la même problèmatique – la création collective et le concept – en art, architecture, philosophie...

Je ne mettrai pas la conférence en ligne car elle sera sans doute publiée prochainement au Brésil, avec les autres, et qu’il me semble que le dialogue, avec Luis Augusto Fisher, avec le public posant des questions, avec Claudio Santana, Vitor Ortiz et Ronan Prigent (les organisateurs de l’événement) – tout cela sera retranscrit dans la publication – importe davantage qu’une trace froide.

Direction le Chili dans quelques jours, où je vais retrouver Anne-James Chaton, Eduard Escoffet, Martin Bakero, Joachim Montessuis et rencontrer des poètes et universitaires chiliens.

Je vous raconterai tout cela à mon retour...

Até mais !


Photo : Ricardo Fuchs

De gauche à droite : Luis Augusto Fischer, Vitor Ortiz, Ronan Prigent, Bibi.

vendredi, août 07, 2009

Bon, c’est pas tout ça…

… les enfants, mais yen a des qui s’envolent demain – enfin, tout à l’heure – vers des pays qui sentent bon la cachaça et le manjar. Et ce sera studieux, je vous rassure et même frisquet – histoire de ne pas vous faire bisquer.

En résumé :

Au Brésil : conférences à Porto Alegre et São Leopoldo dans le cadre d’Etapa (Escola Temporária de Artes França-Brasil) sur « La machinerie de l’art (la création collective et le concept en art) » avec Eric Lengereau, Marcelo Ferraz, Jean-Claude Conesa, Juremir Machado da Silva, Luiz Augusto Fischer, Flávio Wild, François Martin, Siron Franco et bibi. Mon intervention s’appelle : « Le “cadavre exquis” de l’écrivain »…
Je n’en dis pas plus pour l’instant, je ne sais pas encore si je la mettrai en ligne – il est difficile de lire un texte écrit pour être dit, volontairement composé de phrases courtes – histoire que le traducteur ne soit pas paumé – sans les jeux de mots et autres finasseries que j’affectionne histoire de présenter quelque chose de pas trop abscons…
En guise de petits cailloux mystère, voici les liens que je vais utiliser, je me servirai de cette page pour y accéder en direct – je complèterai sans doute dans deux ou trois jours, j’ai pas fini ma valise :
L'oulipo
Sur Iva Ch'vavar
Le blog de Mauricette Beaussart
Sur Un ABC de la barbarie de Jacques-Henri Michot
Ent'revues
T.A.P.I.N.
Remue.net
Cronopios
Une chic fille
Écrivains en séries : saison 1
Écrivains en séries : le casting
La Rumeur des espaces négatifs
Le Travail de rivière
Fanette Mellier
Le Ralbum
Laureli/Léo Scheer
Le Résumé d'Hélène Bessette
Rougelarsenrose
Editions Léo Scheer
m@nuscrits
m@nuscrits ("rétropublication")




Au Chili : des lectures et une table-ronde entre poètes français, catalan et chilien. Côté français, je sais qu’il y aura Anne-James Chaton, Joachim Montessuis et bibi. Le catalan, c’est l’ami Eduard Escoffet. Par contre, je n’ai pas reçu la programmation chilienne, mais je vous tiens au courant.
Si vous êtes sages en mon absence et que les moyens techniques dont je dispose me le permettent – wifi, car j’ai bousillé l’entrée internet de mon portable en me plantant de câble un jour, Iphone… –, je vous tiendrai au courant avec de jolies photos du fleuve Guaíba et de la cordillère vraisemblablement enneigée vu les températures locales.

mercredi, août 05, 2009

, ne so fiera



Le nouveau numéro de la revue Fora ! est en kiosque.

{Cliquer sur la couverture pour l'agrandir}

mardi, août 04, 2009

Spamuscrit

De plus en plus, on reçoit – ça c’est un « nous, les éditeurs » – des manuscrits par email – jusqu’ici tout va bien, j’aime les arbres et je pense à l’équilibre financier des auteurs – accompagnés – voilà le hic – de lettres d’autopromotion dont la formulation relève davantage du spam que de la correspondance. La fréquence reste raisonnable, pour ma part, je dois en recevoir une dizaine par an, mon collègue Florent aussi, me dit-il, mais c’est très récent – depuis près de deux ans – et quand même très étonnant. Voir ahurissant, selon les cas. On ne cesse de s’interroger. Sont-ce des blagues ? Les personnes qui écrivent ces emails sont-elles immédiatement et sauvagement assassinées par le ridicule ? (Car le ridicule peut tuer, quoi qu’on en dise.) & last but not least : Est-ce que ce genre de stratégie fonctionne, ailleurs ? (Peut-être même est-ce enseigné dans des instituts de formation du type de celui qui envahit les immeubles de la rue de l’Arcade…)

Comme je lis toujours les manuscrits avant les lettres… et que le Viagra ne m’est d’aucune utilité…

Voici un pastiche outré, évidemment – ma mère étant née à Marseilleu – de spamuscrit :


Bonjour chère vous,

Vous avez de la chance, je trouve votre catalogue vraiment pas dégueulasse. Alors je vous envoie mon livre sur Nicolas Sarkozy. Si vous ne le connaissez pas, c’est le président qui gouverne la France (où vous habitez, je crois) depuis quelques temps. Une idée originale alliant style, intelligence et humour à laquelle personne n’a encore pensé. C’est une opportunité rien que pour vous. Je dirai même plus : c’est une bombe. Enfin, rassurez-vous, mon texte n’explose pas, mais je peux vous assurer qu’il fera voler en éclat le marché éditorial, écrasant ses concurrents pour s’imposer comme seul leader de la bourse, le CAC 40 bandera comme jamais : en cette période de crise, c’est un miracle, tout bonnement, que je vous propose, et ce sans effet « poop in your pants » ni emprunt Cofidis.

J’ai déjà écrit plein de best-sellers. Tellement que j’arrive plus à les compter. (Demandez à l’un de mes secrétaires en CDI avec treizième mois et stage de tir au Beretta gratuit, si ça vous intéresse.) Vous voyez donc que ma proposition ne peut que vous allécher !

Les médias seront à genoux devant vous, léchant vos orteils impeccablement vernis dans l’espoir d’un service de presse, vendant leur corps pour espérer avoir la chance d’un entretien avec moi, les libraires solderont leur âme pour recevoir des palettes entières de mon livre, ceux qui n'en ont pas braderont celle de leur descendance, ceux qui n'en ont pas sacrifieront celle de leur animal de compagnie ou de leur voisin le plus proche, les lecteurs piétineront les lecteurs dans les librairies, on sera même obligé d’appeler la sécurité – mais c’est à cet instant que le ciel s’obscurcira et que les sauterelles s’abattront si vous ne faites pas circuler cette chaîne à 670 personnes ainsi qu’un grand malheur personnel sur votre tête personnelle –, vous devrez imprimer chez 30 imprimeurs différents pour pouvoir assurer le rythme des réimpressions, les fournisseurs de papier seront obligés d’acheter en Chine, les Chinois raseront des forêts entières, ils feront travailler les enfants avant même leur naissance, la température mondiale va encore augmenter de quelques degrés… et tout ça grâce à mon livre !…

En vérité, je vous le dis : mon ouvrage est un futur succès intersidéral – car je n’ai pas mentionné les droits étrangers, mais ce sera au moins traduit dans 1500 langues (dont 300 encore inconnues).

Je sais, cela doit vous sembler bien peu modeste, mais que voulez-vous, c’est ainsi, certains ont les moyens de leur outrecuidance et personnellement de ma personne, c’est un constat : j’attire le succès et l’argent. J’ai mon Bafa, un doctorat en biologie moléculaire et je pratique la capoeira du Kurdistan – très rare. D’ailleurs, je joins une photo. Je sais donc que c’est une affaire en or pour vous.

Alors si vous voulez faire fortune et connaître la gloire et que des hommes nus – ou couverts d’un léger pagne, à votre convenance – et musclés n’ayant aucun problème d’érection vous éventent interminablement sur l’île paradisiaque que vous aurez achetée grâce aux sommes colossales gagnées avec mon livre alliant talent et popularité tandis que de petits indigènes très exotiques mais très propres vous serviront des cocktails extraordinaires avec ou sans alcool et très très bio, pouvant même y ajouter de l’acerola ou du Vicodin ou du Xanax ou du Stilnox ou de l’Ercefuryl (et ce 360 % moins cher que les prix constatés en pharmacie !) vous faisant gagner au moins 15 cm de turgescence, publiez ce livre extraordinaire relu et corrigé dont les maquettes XPress 6, 7 et 8.02 ainsi que InDesign CS3 et CS4 (avec les exports PDF haute définition correspondants) sont déjà prêtes et gratuites, en bouffant dos carré cousu-collé ou même en offset cheap numérique, que m’importe ! La richesse et le succès sont notre destin, je suis votre homme que je suis. J’ai trouvé votre email sur un site d’éditeur et j’ai pris le courage qui est le mien avec toutes mes mains qui sont deux car ce que je recherche, c’est la plénitude de l’amour et de l’entente à l’infini de la vie avec des films et des soirées tranquilles, peut-être aller danser une ou deux fois par l’année selon la musique qui est votre préférence car je mange de tout sans difficulté dans des quantités raisonnablement très petites et peut-être avoir des enfants mais je ne voudrais pas pousser tout dans limmédiateté avec leau de le bébé dans les orties.

Sincères salutations qui sont les miennes,

lundi, août 03, 2009

Question de fab, épisode 11

Je commence à être plus créative, allez, disons-le, presque graphiste ! concernant les maquettes intérieures des livres Laureli – j’ai toujours fait mumuse avec les couv, et ce depuis l’aldantienne collection &. Il serait temps, me dirait vous, ça fait quand même euh… 11 ans que je bosse dans l’édition – j’ai commencé au berceau… – mais c’est sans doute une question de caractère : un peu de timidité par rapport à l’outil, surtout quand on a appris « sur le tas » – je ne désigne ainsi aucun de mes mentors, c’est vraiment une drôle d’expression… – je précise que la plupart des professionnels de la profession que je connais ont fait de même, se jetant du grand plongeoir pour apprendre à nager ; ça a tendance à évoluer, les toutes jeunes générations – celles que quand on leur presse le nez, il en sort du Yop – choisissent plus souvent les filières « métiers du livre », en général après des études de lettres ; et puis aussi – pour ceux qui sont paumés, c’est la suite de « sur le tas » après quatre digressions – une volonté de ne pas trop interférer avec le texte, de lui laisser le devant de la scène, faut pas mal toucher sa bille pour intervenir graphiquement tout en ne marchant pas sur les pieds de l’auteur – ya des grands noms en la matière, Fanette Mellier, Marc Touitou, Mathias Schweizer, Christophe Jaquet dit Toffe et bien d’autres… Je ne suis que tout petit scarabée balbutiant… mais tenace.

Ainsi, entre autres livres, Sister Sourire de Claire Guezengar est un florilège de typos (incarnant la période « Beaux Arts » de Jeannine Deckeers) ; Écrivains en séries s’adapte à chaque texte, avec un système de marges conçu pour dorloter le plus possible les pupilles du lecteur qui va quand même s’enquiller 496 pages ; Les Carcasses de Raymond Federman sont, évidemment, composées en Céleste ; et Les Souffleuses, de Béatrice Cussol, en Esprit – où l’on retrouve mon goût cratylien – c’est paradoxal pour l’auteur de Je ne sais rien d’un homme quand je sais qu’il s’appelle Jacques qui représente une position plus socratique – pour l’adéquation du nom à la chose… Beaucoup de polices à empattements de la famille des garaldes, me direz-vous, oui, je trouve ça quand même plus lisible, même si les livres de Daniel Foucard font exception, en Univers – « l’écriture est un encodage ».

Flingue trouvé ici.