mardi, septembre 30, 2008

Le Prix Nocturne

Le nouvel Attila organise depuis 4 ans, la « désoccultation » du Prix Nocturne qui avait été fondé en 1962 par Roland Stragliati, de la revue Fiction, pour récompenser « un ouvrage oublié, d’inspiration insolite ou fantastique ». Le prix Nocturne avait été remis trois fois : à Léo Perutz en 1962 (pour Le Marquis de Bolibar), Bruno Schulz en 1963 (pour Le Traité des mannequins) et Hugues Rebell en 1966 (Les Nuits chaudes du Cap français). Le jury était une sorte de société secrète, remettant son prix dans les circonstances les plus mystérieuses… On murmure cependant que Jean Ray, Jean Paulhan ou Roger Caillois n’y étaient pas étrangers…

Reprise de ce flambeau pour choisir chaque automne parmi sept « soleils noirs de la littérature », un livre épuisé, d’inspiration insolite ou fantastique. Les écrivains « Nocturne » appartiennent à une histoire parallèle, clandestine et pirate de la littérature, dont l'influence n'est pas moindre que celle des auteurs scolaires et des « classiques ».

Les trois derniers lauréats Nocturne sont :
Gog, de l'Italien Giovanni Papini (2006) ;
Noces rouges, de l’Espagnol Ramon Sender (2007) ;
Le Coq rouge, du Monténégrin Miodrag Bulatovic (2008).

> Le jury 2009 est composé de :
David B., dessinateur (Le Cheval blême, Babel, L’Ascension du Haut Mal…).
Jean-Baptiste Baronian, romancier, anthologiste, ancien directeur de Marabout fantastique.
Jacques Damade, fondateur des éditions La Bibliothèque, animateur de la revue Fario.
Clément Pieyre, conservateur à la Bnf.
Bernadette Regnier, libraire à Va l’heur.
Marc Voline, traducteur de Magnus et de Jeff Noon (entre autres).
Et Bibi, qu'on ne présentera pas.

> Voici les livres en lice cette année :
Gloria Alcorta, L’Oreiller noir (grasset, 1978)
Jean de Boschère, Marthe et l’enragé (émile-paul, 1927)
Gulya Krudy, Sindbad ou la nostalgie (actes sud/unesco, 1988)
André Laurie, Spiridon le muet (rouff, 1908)
Léon Schwarz-Abrys, L’Âne ne monte pas au cerisier (debresse, 1950)
Moacyr Scliar, Le Centaure dans le jardin (presses de la renaissance, 1985)
Olaf Stapledon, Rien qu’un surhomme (gallimard, 1952)

Le jury délibérera le samedi 6 décembre afin de laurer l’un de ces titres.

Pendant ce temps, à partir de 20 heures, une soirée de lecture à la librairie Le Comptoir des mots s'achevant sur la remise du Prix Nocturne, vers minuit.

Le Comptoir des mots : 239 rue des Pyrénées, Paris, XXe, Métro Gambetta.

samedi, septembre 27, 2008

Prière de ne pas diffamer

… phrase dure, grinçante, quasi graffiti cinglant, écrit de la main d’Hélène Bessette sur un document que vous pourrez voir reproduit dans sa biographie, écrite par Julien Doussinault, et qui sort le 5 novembre aux Éditions Léo Scheer, dans la collection qui a déjà accueilli les biographies de Pierre Guyotat, Roberto Rossellini et Dominique Aury.

Cette biographie est, pour tous les bessettiens, une étape importante de sa réapparition. Elle pose des hypothèses pour tenter de comprendre comment un écrivain aussi important a pu être étouffé par le système. Elle fait le lien entre la vie et l’œuvre. Elle rend à Hélène Bessette sa vie, son image, sa voix.

Ce livre est le fruit du premier travail universitaire mené sur Hélène Bessette, par Julien Doussinault – que l’on remercie d’une si précieuse initiative. On espère qu’il y en aura beaucoup d’autres ! Car il reste bien des archives et des manuscrits à analyser.

mercredi, septembre 24, 2008

Trop peu, trop peu de temps

Ou trop de choses comprimées dans les laps, peut-être. Bref, vous l’aurez remarqué, je ne suis guère loquace, non par goût du silence, mais par obligation – les vases communicants one more time. Ça se passe bien et mieux encore pour Bastard Battle de Céline Minard. Du coup, ben je travaille beaucoup, et sur son livre, et sur Mademoiselle de Biche d’Emmanuel Tugny (dont vous pouvez entendre quelques extraits lus par Yann Linaar ici) et Rouge à lèvres sur le plongeoir d’une piscine municipale de Tarik Noui que je viens de recevoir de l’imprimerie aujourd’hui et qui est fort joli. Le temps ne suspendant pas son vol, je travaille en ce moment aussi (côté éditorial cette fois, et pas encore comm’ mais ça ne saurait tarder) sur Treize mille jours moins un de Didier da Silva, le prochain joyau – un vrai, un pur, un dur. Et sur le collectif Écrivains en séries : un guide des séries télé 1948 -2008 par une soixantaine d’écrivains, artistes, musiciens… sans parler de la magnifique couverture made in Danny Steve. On se doutait bien qu’on avait été ambitieux avec Emmanuel Rabu, initiateur et directeur du projet, mais là, on va quand même y passer un peu de temps – corrections, coordination, maquette, notes, index… Nous sommes plus qu’enthousiastes du résultat qu’on commence à entrapercevoir. Sortie après la digestion de la bûche crème au beurre et avant mon anniversaire dramatique puisque c’est le fameux âge du Christ – je m’excuse auprès de mon frère de n’avoir pas compati à cet événement lorsqu’il l’a subi, ah la jeunesse insouciante. Bref, I’ll be back soon !

dimanche, septembre 21, 2008

Le Jakez Orkeztra

En première bloggeuse, le Jakez Orkestra !



Et ce n'est pas seulement parce que la violoniste, Célia Picciocchi, est ma meilleure amie d'enfance et de toute éternité...
C'est un groupe corse qui ne fait pas de paghjella, ben ouais.



On retrouve aussi Célia dans le quatuor Elixir.


dimanche, septembre 14, 2008

C’est la Fête !

Comme chaque année depuis quelques années, je vais signer mes livres à la Fête de l’Huma accompagnée de petits camarades auteurs classés par ordre alphabétique. Parfois approximatif : cette année, je suis bien contente, c’est Emmanuel (Rabu, pourtant), qui est à côté de Louise London, très redoutable concernant le rythme de signatures. En général, il y a une large file de personnes devant cette vieille dame supra dynamique et l’auteur à côté n’a plus qu’à prendre un air détaché ou jouer à Tetris sur son téléphone portable.
Non, cette année, je suis dans un angle entre deux sociologues mais ça ne m’empêche pas de causer du RALBUM !
Après, c’est le traditionnel tour de la Fête dans une ambiance euphorique. J’ai entendu Bashung de loin, la grande scène étant évidemment blindée, et mangé des aberrations diététiques délicieuses, entendu un chanteur irlandais – accompagné d’un flûtiste tout aussi irlandais – très talentueux, bref, ya pas de petit plaisir : on se paie peut être un atroce gouvernement de droite, mais en attendant, c’est pas aux congrès de l’UMP ou du FN qu’on peut aller danser avec plein d’inconnus au large sourire sur le stand berbère en mangeant des beignets asiatiques et en buvant l’une des meilleurs bières allemandes qui existent… On n’est pas imposables sur la grande fortune, mais on sait vivre ensemble (reste à expliquer ça aux partis, me direz-vous) et ça, c’est l’avenir. On dansera jusqu'à ce que le crépuscule se transforme en aurore, comptez sur nous. Et d'ailleurs, j'y retourne.


(Si vous passez par là, vous pourrez également voir Élodie Issartel dont je parlais hier, Julien Doussinault, biographe d'Hélène Bessette avec plein de livres d'Hélène Bessette, Éric Maclos, les amis des Lettres Françaises (tous les premiers samedis du mois dans l'Huma), peut être Claro (s'il n'est pas en train de traduire ou d'écrire 200 pages), Hélène Frappat, Véronique Pittolo... Bref, la liste est .)

samedi, septembre 13, 2008

Festino ! Festino !

Cette semaine, en librairie, Festino ! Festino ! d’Élodie Issartel, paru aux Éditions Léo Scheer. Dans la trombe actuelle, je n’ai pas vraiment le temps d’écrire le texte que j’aimerais écrire sur cette merveille de livre – et puis, je n’ai pas pour habitude d’écrire sur les Laureli ou les Léo Scheer, la schizophrénie ayant ses limites…

Mais

Dans la trombe (2) de la r(R)entrée, je n’aimerais pas que ce livre passe inaperçu. Car c’est un premier roman qui fait découvrir un VRAI écrivain, sachant manier voix et personnages, univers, montage…

Et puis (anecdote personnelle), en général, certains de mes amis sont déjà écrivains. Je veux dire : lorsque nous sommes devenus amis, ils avaient déjà publié ou m’avaient fait lire leurs textes. Je les connaissais donc d’emblée sous leur double facette personnelle et artistique, ou plus exactement, la facette artistique m’était offerte, je n’avais plus qu’à entreprendre la découverte humaine. C’est l’inverse qui s’est passé avec Festino ! Festino ! Je connaissais Élodie, amie d’amis, comme une jeune femme adorable, discrète, prévenante. J’ai ensuite découvert son travail d’écriture en étant stupéfaite par son extrême maturité et son audace. Tantôt baroque, tantôt oral, souvent cru, à la fois cruel et généreux… Il y a une scène de viol que j’aurais aimé écrire ! Oui, je sais, ça peut surprendre, dit comme ça, mais voyez donc ma motivation, vous n’avez plus qu’à lire le livre pour comprendre…

Photo © Arthur Aillaud

vendredi, septembre 12, 2008

He's Pynchon

Une atroce photo de téléphone portable (j’essaie de la passer en noir et blanc pour masquer l’effet cyan à la Derrick) pour évoquer l’extraordinaire soirée Pynchon à la bien-aimée librairie Le Comptoir des mots, avec THE Claro himself (dixit « I’m not Pynchon », ça reste à prouver) ainsi que deux Incultes et pas des moindres, Arno Bertina et Mathieu Larnaudie. N’ayant pas d’arme sous la main pour vous la coller sur la tempe, je ne peux que vous conseiller vivement la lecture des 1216 pages de Contre-Jour et de Face à Pynchon, le collectif Inculte chez Lot49, plus maigre mais pas moins dense. D’ailleurs, moi-même…

mercredi, septembre 10, 2008

Cultivons les jardins et les contrastes

Bastard Battle sur la liste du Prix Wepler !

YEAHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Qui touche au Goncourt, je le tue.

Ah ! Ah ! Ah ! Je sais, je sais, je sors un peu du devoir de réserve que je m’impose en général, mais là, je voulais juste rappeler un truc tout simple : les prix littéraires sont censés récompenser DES LIVRES. Des objets littéraires, quoi. Une écriture, un style, quelqu’un derrière le nom avec un encéphale hyper développé et un pouce préhenseur. Il y en a, dans le lot, certes, et des bons, mais y a quelques Canada Dry aussi. Tiens, c’est une idée, ça, le Prix Canada Dry… Pour être tout à fait logique, il faudrait qu’il récompense les « vrais » livres décrits ci-dessus… Des fois, je me dis que ce serait plus simple de tout faire à l’endroit, quand même. M’enfin puisqu’on est en plein « renversement carnavalesque », comme dirait l’autre… Ou alors le Prix Edwige, celui dont l’auteur, l’éditeur, leurs proches, les employés de la maison d’édition et les personnages du livre ont la fiche la plus clean, avec en cadeau bonus une visité guidée des RG (avec un bandeau sur les yeux, faut pas déconner, quand même) par Joël Bouchité… Allez, combattons l’insomnie et reprenons nos esprits : ne jetons pas tous les Prix avec l’eau du jacuzzi. On sait qu’il y en a, fort heureusement, de jeunes aventureux ; et que de toute façon, quelle que soit leur histoire, leur nature, c’est un peu comme le vin, c’est une affaire d’année (Jean-Jacques Schuhl a bien eu le Goncourt, alleluia !) Et puis, pas de ruse, à y bien réfléchir, ils portent bien leur nom. Les Prix Littéraires sont faits pour faire vendre des livres (= assemblage d’un assez grand nombre de feuilles portant des signes destinés à être lus, portant code barre et échangeable contre sonnantes et trébuchantes) ce qui est bon pour l’éditeur, le libraire, le distributeur, le diffuseur et l’auteur. Bref, le marché. Et ce qui est bon pour le marrrchê {pause}, est bon pour la Frrrânce (imaginer une voix à la de Gaulle, là, et plein d’applaudissements). Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
— Elle est longue à la détente, cette grosse naïve, tout de même.
— T’es dure, elle a envoyé un BAT à l’imprimerie aujourd’hui, elle est juste un peu rincée. Et puis quand on lui explique longtemps, elle comprend vite !
— Ouais m’enfin bon, enfoncer des portes ouvertes ainsi, faire ça ou coiffer la girafe…
— Tiens c’est marrant, moi je dis « pisser dans un violon » !...
— J'aime pas qu'on vandalise les instruments de musique. Allez, bonne nuit, c’est pas tout ça, ya un autre livre à avancer demain.
— C’est vrai, t’as raison, bonne nuit.

dimanche, septembre 07, 2008

Conte de F

{... J'avais commencé à évoquer Conte de F—— de Thomas Braichet il y a quelques mois, voici un texte un peu plus complet à lire dans le prochain CCP qui devrait vraisemblablement paraître aux alentours du Salon des Revues, en octobre.}

Conte de F——
, à mi-chemin entre le bleu du ciel et le cri des rats dans un mur creux, invente une forme à la fois expérimentale et sensible. Une forme hybride, livreaudio ou audiolivre1 . Une poésie terriblement ancrée dans le réel et assumant l’émotion, réinvestissant l’héritage formel des avant-gardes, le détournant, le virussant et l’incarnant, « saturant les possibilités ». Un style jouant de tous les supports, avec agilité, humour cruel. Le conte en est bien un, tiraillé de la terre aux étoiles, de la barre de céréales à la contemplation, un pli dans l’espace-temps, arrêt sur image, note tenue. Des instantanés de la vie de Phil – celui dont le nom glisse sur le fil du récit et sur la grille d’accord, un peu Fogg aussi, tournant dans la cage de sa « mer-de-monde » – au quotidien gluant, résolument azur, aqueux, souvent noir « de monde et d’objets du monde (…) d’une harmonie surhumaine ». Les jours s’égrènent et tout finit en chanson, sur un happy end en forme de mire. « Il vécut longtemps et. »
Le disque ? Une piste par fragment. Musique, lecture, texture sonore. Le montage opère une nouvelle grammaire du récit, un autre rythme se superposant à l’écrit. Cela ne coïncide pas vraiment et, par conséquent, cela échappe, polysémise, glisse aux frontières se foutant bien de leur gueule et de celle des genres. C’est bien fait puisque cela créée un « bâtard »2 « verbi-voco-visuel » inédit. Une œuvre dont Thomas Braichet est l’ouvrier autant que le créateur, se coltinant le faire et les outils, manifestant une conscience suraiguë de la forme. Dans un livreaudio ou un audiolivre de Thomas Braichet, tout est pensé : la typographie est créée pour l’occasion, la mise en page recherchée et signifiante, le montage son/texte calculé au millième de centimètre et de seconde, la syntaxe modulée pour en révéler les nuances musicales piannissimo, piano, mezzo forte, forte, jusqu’au grammage du papier et sa main, j’en suis sûre, et les petits oiseaux en « V » du quatrième de couverture qui annoncent d’autres cieux de printemps éternel.

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1. Tout comme son premier opus, On va pas sortir comme ça, on va pas rentrer, POL, 2004.
2. « N’étant pas de race pure », dit Robert, citant aussi l’écriture « bâtarde » intermédiaire entre la ronde et l'anglaise. « Bat’art » est le pseudonyme de Thomas Braichet sur Myspace.


Conte de F—— de Thomas Braichet, POL, octobre 2007, livre 80 pages + disque 26 pistes.

vendredi, septembre 05, 2008

Msieur Bérard



Vernissage de Stéphane Bérard à la Galerie Marion Meyer mardi 9 septembre à partir de 19 heures, exposition jusqu'au 25 octobre.
Architecture, chômage, design, avec un tel programme, venez nombreux !

Œuvres de Stéphane Bérard.
Galerie Marion Meyer, 15 rue Guénégaud, 75006 Paris.


Arôme pénis pour préservatif.


Drapeaux ignifugés.


+ de suspense (installation sonore)

Rentrée

Voilà ce que c’est de baguenauder pendant trois semaines sans connexion Internet. Nous sommes vendredi et je viens à peine à bout de mes emails en retard (professionnels ; personnels, il m’en reste encore, désolée…) En écho au compliment de Léo, hier, sur Laureli, je me dis que pour faire ce métier comme je le fais, il faut être sacrément obsessionnelle, perturbée du bulbe tendance moine-soldat – et qu’il va me falloir être encore plus entêtée que d’habitude pour me ménager davantage d’espaces de calme, de luxe et de volupté.

Ah, paradisiaques, vacances ! Bonheur de rencontrer ma cousine vénézuelienne Mila, de passer du temps avec mon frère et mon neveu,mes cousins et petits-cousins, le tout sous grand soleil.

Puis de molypoper avec les Molypop… Mais ça, je vous en reparle bientôt.