samedi, février 25, 2006

« If you are sad, I’m your lady »



…// j’aime le silence. Je ne m'endors pas avant sept heures du matin. Je fais de la musique, je traîne… Je suis habité par le rêve, c'est mon état normal. Depuis que je suis môme, je n'ai pas de réalité. Je suis en suspension. //…// Évidemment, si Bevilacqua, mon album précédent, s'était vendu à 500 000 exemplaires, comme Les Mots bleus, au lieu de faire un flop – pas plus de 50 000 –, j'aurais été le roi. Je parle simplement de création, là. J'aurais pu changer d'espace, m'entourer d'un juke-box, de belles toiles… Question finances, j'ai toujours été sur le fil du rasoir. Il faudrait une pirouette dingue pour m'équilibrer. Mais je m'en fous //…// J'aime pas les clips, ça fige tout, l'imaginaire s'arrête de travailler. //…// « J'aime l'ennui », j'ai tout de suite adoré ce titre, je suis donc allé piocher des mots et j'ai fait ma petite synthèse. //…// Un petit gimmick inexplicable qui représente pour moi quelque chose par rapport à la femme… C'est lynchien et très sensuel, presque tout… puis j'ai trouvé l'idée de l'harmonium en hommage à Nico et ça s'est enregistré en une prise. Du pur hasard, ce que j'aime le plus. C'est pourquoi je dis toujours : « J'aime déchanter, pas chanter » //…// Je ne ferai de concerts que si j'ai la bonne lumière. Et en France, le problème, c'est qu'on n'a pas évolué du tout, on est nuls. Et moi, je ne veux pas de cette lumière de music-hall de merde, avec des verts atroces. Je veux que les lumières soient magiques, avec du parme, du violet. Et un son pur, avec des musiciens qui savent nuancer. //…// Même si je me produisais déjà à quinze ans dans l'arrière-salle d'un café appelé le Metropolis : je chantais du Elvis Presley en frappant le rythme sur une table, et j'avais sept personnes autour de moi tous les jours ! //…// Mais Aline… Je n'oublierai jamais dans quelles circonstances je l'ai enregistrée, entre midi et une heure et demie de l'après-midi, avant de retourner en cours. J'étais terrible. Pas un cancre, mais je dessinais toujours des femmes à poil et des bagnoles pendant les cours. Alors on me disait « Bevilacqua, vous pouvez aller faire un tour dans le parc si vous voulez… » //…// Sinon, forain, ça m'aurait bien plu aussi. J'ai vécu trois mois dans un cirque, je chantais quatre chansons pour 500 francs par jour. Ce qui m'attire le plus dans la fête foraine, ce sont les chenilles. Quand j'étais pervers, à treize ans… le moment où ça se recouvre, c'est là que t'emballes. Les auto-tamponneuses, c'est bien aussi, si t'es seul et que t'as repéré une meuf, un truc peut se passer ensuite… Pareil avec le train fantôme, c'est cool, il faut tenir la main de la fille. Ou alors créateur de mode, si j'avais eu un super meilleur coup de crayon : ma mère était couturière, j'ai grandi dans les chiffons. Je nageais la brasse dans les étoffes, taffetas, satin, velours. Je reniflais les tissus, j'aimais bien leurs odeurs. Une culotte de soie, ça ne sent pas pareil qu'une culotte de coton, d'accord ? //…// Je n'ai jamais voulu prendre d'acide ; vu que je suis déjà en suspension, je sais que ce truc-là m'aurait fait partir comme une fusée, et je n'avais pas envie parce que je voulais créer. À l'époque d'« Aline », c'étaient les joints, mais j'ai arrêté au bout d'un an : je devenais taré. La coke, j'ai commencé vers 1978/79, dans une période négative. Je m'enfonçais, j'en avais envie, mais ça a tourné à la parano et j'ai stoppé net. Quand t'es seul dans ton salon et que t'as l'impression qu'il y a dix personnes qui parlent... Un jour, j'ai tout jeté dans l'égout devant le studio Ferber. Quand je suis rentré, un mec m'a dit « mais pourquoi tu ne me l'as pas donné ? » (rires) //…// Il paraît que les types de Air disent qu'ils ont toujours été influencés par Polnareff et par moi. Je ne comprends pas le rapport. //…// J'ai créé une chaise à sons. Je ne chante pas comme les autres avec un casque, mais sous la console. C'est mon endroit, avec mes grosses enceintes autour qui cartonnent. Techniquement, ça crée cette petite différence. Le son, c'est ma passion number one. Je passe mon temps sur mes synthés. Pas pour être au goût du jour, mais parce que le son me provoque une émotion particulière. Je suis un mélodiste, mais c'est le son qui me fait créer de la musique. Après je mélange, je fais des collages. //…// Pour « Voir », j'ai envoyé la chanson à Isabella Rossellini avec sa voix dessus, et elle m'a donné son autorisation dès le surlendemain. Très simple, sans chichis. Une œuvre d'art, cette femme. //…// Ma première émotion sexuelle, c'était effectivement avec «Jeanine dans les collines». Et j'étais très, très précoce : neuf-dix ans. Depuis, j'ai toujours aimé les gens qui n'ont pas de limites. Quand on peut aller partout et que c'est un plaisir pour les deux, c'est génial, non ?… //…// C'est une image pure, je regrette de ne pas l'avoir dit plus tôt, je pourrais très bien l'avoir dit en 1970… C'est du romantisme. Pour la première fois de ma vie, j'ai écrit ce texte sans penser du tout à la musique, comme un petit court métrage. Je me vois comme un metteur en scène qui ne fera jamais de film. Mes rencontres avec les choses sont comme des électrochocs. Pourquoi je traîne, pourquoi je suis émerveillé par des formes, du métal, des trucs ? Par un enjoliveur devant lequel je vais rester scotché deux heures parce que je le trouve beau – et je me dis « c'est un objet d'art, il faut le suspendre.» Je ne l'explique pas, je ne l'analyse pas. //…// Les gens qui me connaissent me disent « tout le monde pense que t'es barge », mais à l'arrivée, c'est peut-être moi le moins fou de tous, on est d'accord ? … »

{Entretien de Christophe pour Libé}

jeudi, février 23, 2006

Elvis lives // fonction Bubba Ho-Tep// fonction Superfutur


« J’ai réalisé hier soir (…) qu’avec son goût pour la drogue et le sexe, sans parler de son statut de yéti du jugement dernier, Elvis est la réponse à la question

Qui a tué Laura Palmer ? »

Greil Marcus, Dead Elvis

mardi, février 21, 2006

a/u/t/o/biographique



née le 21 février 1976 à Bastia (Haute Corse)...

samedi, février 18, 2006

« These boots are made for walking, and that's just what they'll do »



« BIO : Lester Bangs est né à Escondido, Californie, en 1948. Il a grandi à El Cajon, Californie, qui signifie “ la boîte ” en espagnol, et où il a fait des choses telles que laver des assiettes, vendre des chaussures de femmes, et travailler comme assistant pour une équipe – mari et femme – d’arrangements floraux artificiels, tout en rédigeant des critiques de disques en pigiste, feignant l’aller en fac jusqu’en 1971, quand il partit à Détroit travailler pour le magazine Creem… »

Lester Bangs a écrit ces quelques lignes de biographie un an ou deux avant sa mort. On peut donc imaginer, connaissant le contrôle extrême de son écriture aux faux airs d’impro de fin de soirée noyée dans les prod, qu’il y ait soigneusement pesé chaque élément comme sur un jeu d’échec intime. Poker avec bluffs très très référencés pour emporter la partie du style. Mythologie post-moderne réfléchie, théâtre du moi recomposé quelques dizaines de milliers de pages après le premier cri rauque – merde, de l’air – poussé du fin fond de Escondido, sa ville de naissance, signifiant « caché » en espagnol. Lester Bangs préfère traduire le nom de la petite ville où il a grandi, « La Boîte » (= le bled, le trou…), vraisemblablement une espèce de La Souterraine sauce américaine, avec bien plus de soleil – on imagine que ça change tout. Enfin on espère. Et le maïs, toujours du maïs à la place des patates, toujours des patates. Suit le petit boulot dans les « arrangements floraux », l’expression faisant irrésistiblement penser à un « arrangement musical » . Il souligne qu’il s’agit de fleurs synthétiques, ce qui confère à cette activité quelque chose à mi-chemin entre le morbide quotidien (bouquets empoussiérés de restaurants miteux, d’administrations en ruines, couronnes mortuaires oubliées) et l’inscription dans une exagération de la modernité vers le tout plastique : couverts plastique, disques plastique, meubles plastiques, chaussures plastiques, fleurs plastiques. Après ces débuts dignes d’une épopée – le héros sortant de son « trou » et faisant l’expérience symbolique de la mort en toc à travers la contemplation de ces espèces de sous-vanités contemporaines que sont les fleurs en plastique aux couleurs passées par le soleil… – Lester Bangs passe à l’archétype américain de l’ado faisant la plonge en décrassant des assiettes incrustées de restes de hamburgers/frites/ketchup avec supplément donnut les bons jours, rentrant chez lui sentant la frite et la frustration sexuelle, pour poursuivre par une activité moins traditionnelle d’employé dans un magasin de chaussures pour femmes – la boutique s’appelait Streicher’s Shoes.

{lire la suite}


Le fait que Lester Bangs ait travaillé, tout jeune homme, comme vendeur de chaussures pour femmes semblerait n’avoir aucun rapport avec la carrière de critique rock ultra bright qu’on lui connaît ensuite. Que nenni. N’oublions pas que c’est Lester Bangs lui-même qui place cet indice aux prémices de sa biographie… Son œuvre répond à une logique implacable habilement dissimulée sous des hoquets d’alcoolique shooté aux sirops, d’addictif à tout et n’importe quoi du sexe au sandwich au thon sur pain de seigle, de délires de post-névrosé nourri de proses de témoins de Jéhovah… une logique digressive construisant une œuvre cosmogonique et sensible usant de métaphores et d’allégories.


« Un beat féroce comme les godasses d’un gang… »

Excessive, emportée, irrésistible, la prose de Lester Bangs est loin de se réduire au genre de la critique musicale. Ce qui la caractérise, bien au contraire, c’est son mouvement de destruction d’une linéarité, vers une écriture composite, digressive, mêlant les genres et les tonalités tout comme elle joue sur les registres de l’amour le plus frénétique – la vénération d’un nouveau dieu du rock chaque semaine, à la vie, à la mort… jusqu’à la semaine suivante – et de la haine teintée de haussement d’épaules méprisant façon pfffff, tout ça pour ça, comment j’ai pu aimer ce truc, quelle daube. De même, c’est un « critique » qui n’édicte pas de dictat ou de ligne esthétique générale. Il ne juge pas les albums sortis selon la logique de ses choix antérieurs. C’est bien connu, Lester Bangs avait coutume de pouvoir encenser un jour ce qu’il avait exécré la vieille sans jamais trahir la cohérence de son univers. Un talent fort rare, nécessitant l’inscription de la matière-rock dans un système de valeurs plus large, celui d’un univers esthétique prenant en compte les reliefs biographiques, l’acuité des sentiments, les bouleversements socio-historiques. Car le rock n’est pas une science exacte ou un plat dont on devrait respecter la recette… Le rock est révolutions, excès, passion, rencontres, prises de risques, surexposition, miroir. Et surtout, c’est un art en interaction étroite avec la vie du musicien et de l’auditeur. Ainsi l’écoute d’un disque change t-elle selon l’âge, l’humeur, l’évolution de la culture musicale, l’épanouissement ou la frustration sexuelle, la prise de drogue, le degré d’alcoolémie…
Lester Bangs n’hésite jamais à toucher au vif le talon d’Achille de ses icônes prises, selon sa sensibilité du moment, sur le fait d’un dérapage plus ou moins contrôlé de leur talent : « Rolling Stones : la grande débandaison », « Miles Davis : musique pour les morts-vivants », « Le cri lointain de Captain Beefheart : il est vivant mais la peinture aussi. Et vous ? », « Monolithe ou monotone ? Metal Machine Music de Lou Reed »… Il sait toujours reconnaître la pointure adéquate, à la première écoute…


« VLADIMIR — La main dans la main on se serait jeté en bas de la tour Eiffel, parmi les premiers. On portait beau alors. Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter. (Estragon s’acharne sur sa chaussure.) Qu’est-ce que tu fais ?
ESTRAGON — Je me déchausse. Ça ne t’est jamais arrivé, à toi ? »


Si. À lui aussi. Et il agite bien ses chaussettes sous notre nez, en plus. Diva de la contre-culture, jouisseur détaillant ses orgies, Lester Bangs ne pose pas la musique comme un objet extérieur à lui-même dont il pourrait parler avec des abscisses et des ordonnées, sobre, parfumé et bien rasé. Non, il se déchausse et déballe. Sa vie, les péripéties de sa biographie, l’amplification de ses déboires sentimentaux, de ses enthousiasmes, de ses exploits sexuels… son histoire est intimement liée à son appréciation des albums et des artistes. Ainsi le rock n’est-il pas simplement un aspect de la vie, euphorique, inscrit dans un laps de temps donné, mais l’incarnation de notre rapport au monde, tragique et éternellement noyé d’espoirs. Une facette suraiguë de l’intensité de la vie et de la proximité permanente, fascinante, de la mort. C’est en ce sens qu’on peut parler de Lester Bangs comme d’un « nouveau moraliste ». Certains textes se transforment rapidement, de façon sous-jacente, en méditation quasi philosophique sur l’horizon de la mort et l’énergie de la destruction. Une ombre présente dès les titres, par exemple : « James Taylor doit mourir », « Où étiez-vous quand Elvis est mort ? », « Richard Hell : la mort, c’est de ne jamais devoir dire qu’on est incomplet », « La mort peut être votre Père Noël »…

Chaque critique de Lester Bangs pourrait constituer un chapitre d’un grand roman tentaculaire, à la fois autofiction, roman générationnel, road novel, pamphlet... Davantage encore, son œuvre, dans son éparpillement et la diversité de sa forme pourrait incarner le stade ultime de la déconstruction du roman contemporain, une déconstruction généreuse et populaire, loin des expérimentations mono-référentielles.
Un roman qui abolirait les frontières entre écriture critique, roman, billet d’humeur, philosophie… tout en rendant caduque l’intégrité d’un support : non plus un livre mais des milliers de pages dispersées, en interaction avec leur contexte, et tout autant d’albums de musique. Mais c’est sans oublier un fétichisme, si ce n’est supérieur, du moins tout aussi intense :


« Une fille sur un pied (botté de mauve),
l’autre pied levé (demi-botté de noir) ;
une autre avance puis recule
avance puis recule
avance puis recule
avance puis recule
avance puis recule »


Une chaussure + une fille = le rock. Le rock + une chaussure = une fille. Une fille + le rock + une chaussure = l’amour ! so, Lester said :

« … j’ai laissé un peu ma bonne vieille main errer sous le bureau, sur sa chaussure, putain, que c’était subtil, oh c’était sympa, ça n’était pas comme d’être aspiré sous mescaline par la Nonne Volante pendant qu’on est pendu au sommet de l’Empire State Building à siroter de la tequila, mais c’était sympa quand même, et elle ne semblait pas se plaindre non plus, aussi, bien que mon cœur ait commencé à battre de manière inquiétante à intervalles irréguliers j’y suis allé comme un vrai chien fou et je l’ai bel et bien laissée REPOSER sur la dite chaussure. Aucune réaction. Mais J’Y ÉTAIS ! Touchant au but ou tout du moins assez près pour commencer à penser au sommet de l’Empire et aux douces lèvres de Sally en habit sacerdotal [ NDLR : T’as oublié que la Nonne Volante n’a fait son apparition à la télé que quelques années plus tard, pauvre taré !] et brûlant et perdant la tête, je me suis mis à bouger gauchement les doigts sur la surface de la chaussure, essayant quelques caresses aléatoires – il faut se lancer dans les expériences et tester tout un gros tas de cajoleries nouvelles quand on a affaire à un matériau alors aussi peu familier que le cuir – et j’ai trouvé enfin la grâce de laisser mes doigts errer et dériver sur ses petits boutons et agrafes, m’aventurant de temps à autre jusqu’aux intervalles psychologiquement appropriés tels que les calculait l’abaque dans mon cerveau, oui, m’aventurant sur cette fraction de centimètre supplémentaire et cruciale pour toucher réellement la faible étendue de pied au-dessus du rebord de la chaussure et sous ses chevilles qui, chose intéressante, ne semblaient pas avoir grand attrait pour moi. Elle n’a jamais laissé voir qu’elle était consciente de quoi que ce soit, encore moins irritée, aussi ai-je pressé mon avantage pensant que peut-être son pied était endormi et ah quelle heureuse journée ce doit être pour moi de tomber sur un tel trésor au moins trois ou quatre pouces de chair féminine aussi ai-je joué plus hardiment avec l’extrémité inférieure de son membre gauche et ai-je fini par prendre la chaussure dans ma main comme si c’était une sorte de téton frit et l’ai-je pressé en plein délire. Elle a aussitôt hurlé à voix basse : « Aïe ! Qu’est-ce que tu fais ! » et ramené avec indignation ses tatanes si tentatrices vers la zone défantasmatisée sous son pupitre… »

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Les citations sont tirées de Psychotic reactions & autres carburateurs flingués ainsi que de Fêtes sanglantes & mauvais goût de Lester Bangs (éditions Tristram) sauf deux citations-titres en gras : En attendant Godot + Rose poussière.

jeudi, février 16, 2006

Les Cahiers Noirs



#2 L’Enfant de l’Amour

avec

Adèle de Baissac
Vincent Noiray & Jana Burkhardt
Éric Lombard
Jérôme Laperruque
Antoine Marquis

une élégantissime revue de Guillaume Navaud

se trouve à French Touche (1 rue Jacquemont, XVIIe) & Un regard moderne (10 rue Gît le Cœur, VIe) où l’on peut également voir une expo des dessins d’Antoine Marquis...

mardi, février 14, 2006

Chère maîtresse,



Parfois je me transforme en démon
Ou je m’enfuis sans crier gare
Mais quand je te regarde de mes grands yeux tristes
Je sais que tu vas m’accorder ton pardon

Et quand je suis doux et docile
Pour te prouver que je ne suis pas si bête
Et que tu me récompenses d’une caresse
Je sais que tu m’aimes toujours, maîtresse

Quand je reçois une tape sur le nez
Et que Maître Glenn me dit « La paix !
File d’ici, gros chien idiot »,
Je sais qu’auprès de toi, je trouverai refuge

Car chaque jour que Dieu fait
Tu me prodigues ta tendresse, maîtresse
Tu me nettoies les oreilles, tu m’emmène en promenade
Tu me sers des repas succulents

Je t’en suis très reconnaissant
Et j’aimerais savoir parler pour te dire
Que je t’aime de tout mon cœur de chien
Pour tous les soins dont tu m’entoures

Ton setter,

Nicky

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Carte de la Saint-Valentin adressée par Glenn Gould alors agé de 7 ans, à sa mère (1940).

lundi, février 13, 2006

Pendant ce temps, dans le Cap…



… néanmoins quelque chose à voir, peu ou prou, avec le post précédent (île-archipel à circulation variable, silhouettes minérales en mimes d’animaux tapis – métaphores ? –, bassin des origines à écumer, sable en négatif et bleu du ciel)…

{rigiru}

vendredi, février 10, 2006

Mobiles



« Avec la série intitulée Mobiles j’essaye d’installer un dispositif qui fait fonctionner (comme une machine fonctionne) plusieurs types de montages. Les fragments utilisés sont expérimentés jusqu’à épuisement. Chaque Mobile est en effet une installation précaire où le(s) discours et le(s) montage(s) constitués d’affirmations diverses, de petites histoires, de constructions grammaticales… construisent un réseau particulier. Ailleurs, les mêmes éléments combinés de manière différemment aléatoire, composeront un autre texte-installation. Avec ces images, avec ce système de montage, j’aimerais construire un paysage à aménager. Il s’agit de dispositions particulières d’expérimentation.
Mon but serait une écriture-carte dessinée comme un territoire passager où les discours s’entrecroisent sur une surface qui mimerait un discours vrai ; mais ceci comme si le texte n’était pas vraiment dans un territoire exact ni utopique mais simplement variable. Mon espace textuel se situe sur une frontière : le texte appréhendé comme un espace cartographié, souvent décadré et recadré, avec des perspectives particulières et mouvantes, faites de signes reconnaissables et cependant tout en surface. La contrainte serait donc dans l’utilisation de mêmes objets pour aboutir à un espace légèrement décalé et semblable ; vrai et faux. Comme pour le jeu de go où les pions occupent sur le damier une intersection de lignes ; ils se combattent grâce à une imperceptible avancée : une armée de mots-pions (noirs et blancs de la page) ravageant le terrain par petites avancées et contournements, solitaires mais en groupes – accolés et formant cependant une linéarité. »



Vannina Maestri, Éditions Al Dante.

jeudi, février 09, 2006

Débuts d'AMBITION



Mise en ligne d'AMBITION, une revue de création textes, images, son...


Avec un espace BIOBIBLIOGRAPHIE (informations, rebonds de blogs en sites persos...)


& un annuaire de LIENS donnés par chaque artiste pour poursuivre la circulation...


Le tout à parution aléatoire.

mercredi, février 08, 2006

Nancy tout risque (special dedicace to O. Q.)



« … Des observateurs du ménage Reagan ont souvent épilogué sur « the gaze », le regard attentif et plein de ravissement dont Nancy couvait le Président chaque fois qu’il parlait en public, mais Nancy utilisait depuis longtemps des masques de nature variée pour se protéger de tout ce qu’elle préférait oublier. Des pans considérables de son passé avaient été lyophilisés et dissimulés dans un tiroir obscur de son esprit, d’où ils étaient censés ne jamais ressortir. Fille d’une actrice de répertoire ambitieuse et d’un vendeur de voitures raté – dont Nancy prétendait qu’il était diplômé de Princeton – elle fut élevée dans sa petite enfance par ses oncles et tantes lorsque ses parents eurent divorcé. Cette période de séparation forcée semble l’avoir rendue à jamais insensible. Plus tard, Nancy ne prit jamais contact avec son père biologique, reportant toute son affection sur le Dr Loyal Davis, un taciturne neurochirurgien de Chicago que sa mère avait épousé lorsque sa carrière avait décliné.
Avec le recul, d’aucuns ont estimé que c’est cet homme d’extrême droite, animé d’un racisme haineux – il ne pouvait jamais se résoudre ne serait-ce qu’à prononcer le mot « juif » –, qui a formé la vision politique du monde de Ronald Reagan et a transformé le Démocrate qu’il était en un Républicain pur et dur. (…) L’actrice en herbe Nancy Davis (…) partit pour Hollywood où l’attendait un bout d’essai chez MGM arrangé par les bons soins de Spencer Tracy. Plutôt vieux jeu – comme elle le serait toujours –, elle choisit une voie traditionnelle pour lancer sa carrière, optant pour la promotion canapé lorsqu’elle entama une liaison prolongée avec Benny Thau, responsable du casting chez MGM. Suivirent un certain nombre de films sans éclat, dans lesquels elle jouait plutôt les énergiques ménagères en robe de grossesse tandis que, loin des plateaux, elle s’octroyait des liaisons avec une succession de premiers rôles masculins de Hollywood, dont Robert Walker eet Peter Lawford, qui appréciaient particulièrement ses talents pour la fellation.
Mais le destin frappa finalement à sa porte sous les traits d’un autre acteur de série B en déclin affligé d’une enfance malheureuse, le président de la Screen Actors Guild, Ronald Reagan. Bientôt, les Reagan laissèrent Hollywood derrière eux et commencèrent à viser le gouvernorat de l’État de Californie, et, au-delà, les premiers rôles dans le film suprême, la présidence des Etats-Unis, où il serait la vedette et elle la réalisatrice, les second rôles étant tenus par des monarques européens, des hommes d’État russes et des milliardaires californiens. »

J. G. Ballard, Millénaire mode d’emploi, « Biographie à la tronçonneuse », à propos de Nancy Reagan : biographie non autorisée par Kitty Kelley (1991).
Millénaire mode d’emploi est un recueil d’articles sur le cinéma, l’art, la littérature, la vie des personnages publics, les médias de masse, l’avenir de la société de consommation… publiés par les éditions Tristram.

lundi, février 06, 2006

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L'angoisse de l'affichage
Vidéo envoyée par laurelimongi

jeudi, février 02, 2006

Je ne sais pas faire de vélo...



elle si, et en bleu marine, en plus…