dimanche, septembre 25, 2005

vendredi, septembre 23, 2005

Virage (factuel) dans la continuité

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Gueuler avec le flot l’inconsistance de l’époque. (La meute.) Que faire d’autre ? Marasme. Hontes politiques. Dégoût social. Nausée littéraire. Les formes du marché. L’informe démarché. Le désir de prophètes. Le drapé de la bonne conscience qui se croit punk. Et moi, et moi, et moi. Juste étouffer mais gueuler quand même et puis faire psssssst, psssssst, psssssst. Là, s’insinuer (la forme). Quand même –2–, merde.

& danser

Mais aussi :
Rappeler (et se) la complexité. (cf. Morin, entre autres)
La complexité nécessaire de la pensée.

Affirmer une méfiance vitale à l’encontre du blanc et noir (le blanc versus le noir et vice-versa, ou encore L’Empire contre attaque.) Tarte à la crème totalitaire sans mémoire qui tourne et retourne sa veste. (Corollaire, narguer l’adage : « Amis d’hier, ennemis de demain. » Et si le ridicule tuait ? Que d’espace…)

Respirer mieux, tout de même.

Vite, les vœux non pieux et le dévoilé-déplacé – notes de fond de disque dur. Éviter, malgré l’enthousiasme, une forme d’écriture militante trop grandiloquente pour être honnête (du moins, tâcher.) Façon les cuivres, la fanfare, les insignes, le chant des purs, les mains crasseuses des autres, le monopole de l’utopie.

Idem pour la biographie. Out les allitérations geignardes, les assonances affectives et autres complaisances aux cheveux teints (et les racines alors ?). L’attirance de la compassion aux orties du pourcentage d’auteur (encore : essayer). Les mouchoirs suffisent – jetables – à l’inverse des personnes (le simple souvenir des moments passés = l'amitié, toujours). Mais la douleur et l’histoire. La sécheresse de la pupille fixe-sans-ciller, rappelle : les personnages, les mythologies, thèmes et variations. Dérouler.

Êtes-vous sûr de vouloir redémarrer maintenant ?

Respirer mieux, tout de même.

Ouais, c’est sûr. Décidément, respirer mieux.

...

mardi, septembre 20, 2005

La Vénus à la fourrure de Yapou

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Yapou, bétail humain de Shozo Numa paraît dans quelques jours. Un monument de la littérature mondiale, dont l’impact devrait se révéler aussi fort que celui d’œuvres comme Vie et opinions de Tristram Shandy ou encore Eden, eden, eden. À quoi peut-on le deviner ? La sensation de rencontrer un univers qui nous habite déjà, en creux, un enfer qui nous est familier, lien entre l’impact idéologique des Cent vingt journées de Sodome et l’avénement de la bombe atomique (Yapou, bétail humain a été écrit dans les années 50). Ou encore : l’invention du masochisme et la révolution politico-sociale qui en découle.

Cette fresque post-moderne trace les contours d’un autre monde, fictif, futuriste, EHS, gouverné par les femmes (des femmes d’origine anglo-saxonne, évidemment belles et dominatrices, aimant à jouer de la cravache) et au sein duquel la « race jaune » et plus particulièrement sa branche japonaise appelée « yapou » (nulle trace de chinois, en effet...) n’est plus considérée comme humaine mais comme une matière première intelligente et servile servant au confort et aux caprices de l’élite blanche. Une conscience « viandeuse » à modeler selon ses besoins et désirs. Cuir de Yapou, meubles yapou, toilettes yapou, baignoires yapou, yapou réduits, mutilés, démembrés... Bref, un avatar d’une idéologie que l’humanité n’a que trop subie et ne subit que trop : esclavagisme, fascisme, nazisme...

Yapou/ma peau

Reprenant la tradition de Jonathan Swift et du voyage fictif, Shozo Numa imagine qu’un vaisseau spatial chute sur terre dans les années 196X, découvert par un jeune couple : une allemande et un japonais. Les tribulations de la rencontre de la pilote – jeune noble intrépide – et des deux jeunes gens les amèneront à découvrir l’étrange univers d’EHS que nous décrit l’auteur avec force détails dignes d’un Jules Verne, alternant adresses au lecteur (dont l’humour pourrait également faire penser, parfois, à Laurence Sterne) et digressions techniques. On songe également à la tradition du roman philosophique telle qu’elle a été développée par le Sade de Aline et Valcourt, que Shozo Numa cite d’ailleurs comme l’une de ses références. On devine aisément, dans un tel monde, quels seront les sorts respectifs de la jeune femme à la peau claire et de son fiancé japonais. Mais, redoublant l’horreur de la condition yapou, le lecteur assiste avec effroi à l’évolution fulgurante des sentiments de la jeune femme... miroir de ce que serait la réaction d’individus appartenant à la « classe dominante » dans une situation équivalente, quelles que soient leurs réticences et certitudes de départ.


Yapou/Japon

Shozo Numa a été soldat vénérant son empereur à l’égal d’un dieu, adorant son pays comme une terre bénie, prêt à mourir pour l’Empire du soleil levant. Prisonnier de guerre, il a subi l’humiliation d’une femme blanche semblant tout droit sortie de La Vénus à la fourrure : « J’étais un chien jouant avec la pointe de ses pieds, j’étais un cheval sur lequel elle s’asseyait pour être promenée. » – écrit-il dans la Postface de 1970. De plus, vivant avec ses compatriotes « les ténèbres de la civilisation de l’atome », il a connu la perte des illusions, la chute vertigineuse de l’impérialisme nippon ; une désillusion transformée, selon ses propres termes, en excitation masochiste par la captivité. Ce qui l’a amené à incarner le complexe d’infériorité des japonais par rapport aux blancs dans cette œuvre terrifiante, honnie, comme on l’imagine, du Japon de l’après-guerre.

« Yapou, bétail humain est le plus grand roman idéologique qu’un japonais ait écrit après-guerre. Ce que j’admire dans ce roman, c’est qu’il apporte la preuve que le monde change. L’une des prémisses de ce qu’on appelle le masochisme est que l’humiliation est une jouissance ; à partir de là, quelque chose est possible. Quand ça se réalise, ça prend la forme d’un système qui finit par recouvrir le monde entier. Plus personne ne peut alors résister à ce système théorique. Et tout finit par y être englobé, la politique, l’économie, la littérature, la morale. Ce roman parle de cette terreur. » commente Yukio Mishima.


Yapou/et nous

Yapou, bétail humain crée en effet un univers extrêmement cohérent, malgré ses prémisses révoltantes, inacceptables (les noirs sont des demis-hommes, les yapous ne sont pas humains, les blancs sont des dieux.) Les descriptions de mobiliers humains, les terribles mutilations qui leurs sont infligées sont narrées avec tellement de froideur qu’elles semblent s’inscrire dans une logique implacable. Dès lors, l’inimaginable, l’enfer se meut en une épopée lisible – quoiqu’en désaccord total avec tout principe acquis. Le manichéisme se renverse avec une éloquence vertigineuse. Ce catalogue d’une civilisation qui ne peut que nous faire horreur s’impose comme un prisme de notre monde et en acquiert alors une aura magnétique.

« La théorie de la domestication du Yapou, s’appuyant sur sa non-humanité, permit de rationaliser son élevage de la même manière que la « théorie de l’évolution » avait permis de rationaliser le capitalisme en faisant de la libre concurrence une loi de la nature. »

Parallèle qui ne peut que glacer le sang... car finalement, ôté le merveilleux de la narration, l’allégorie, les inventions futuristes et la beauté surnaturelle des femmes blanches décrites, en changeant quelques distributions de rôles (on pourrait tout simplement remplacer « yapou » par « pauvre », en conservant un code de couleurs adapté), Yapou, bétail humain, est-ce vraiment de la science-fiction ?...

dimanche, septembre 18, 2005

jeudi, septembre 15, 2005

Remarquez…

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On tombe aussi sur Sapho (toujours entre autres)…

On se calme et on boit frais…

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Alors, voilà sur quoi on tombe – entre autres – lorsqu’on tape poétesse dans Google Images…

lundi, septembre 12, 2005

«Mais où est Alban Liechti ?»

La rumeur...

Entre Osez le rosé ! et Écrire pour rire... les hasards de l'ordre alphabétique (Limongi, entre Liechti et Lobry)...
(in Fête de l'Huma, Village du Livre)

lundi, septembre 05, 2005

Bibi c'est lui

Doury/Pennequin

Moins ça va, plus ça vient. La littérature et la consommation de masse. La nécessité et la publicité. L’écriture et l’aliénation. Moins ça va, plus ça vient. Qu’importe le prix – incarné – qu’importe la souffrance, il est des choses qui résistent à l’engluement généralisé, malgré tout. Moins ça va, plus ça vient. Moins ça va plus ça s’écoule, le trop plein du dire, dans la langue apprise, malgré cette langue apprise, la langue des autres qu’il faut malmener sans cesse à la recherche, tâtonnante de la sienne. Moins ça va, plus ça vient. Tel est le mouvement d’une écriture qui progresse, inexorablement, en un flux continu s’imposant comme l’une des grandes voix de la littérature contemporaine, celle de Charles Pennequin.

Avec une discrète fermeté (on pourrait parler aussi de violence paisible. Ou encore de poète gendarme... bref de grand écart critique) Charles Pennequin pose des syllabes de lui-même, bégayant les « bibi » sans les ressasser, sous forme d’objets verbaux drôles et acérés. On peut le lire en plaquette mais aussi chez Al Dante et P.O.L., notamment. Et beaucoup en revues, collectifs... Il serait sans doute bien difficile, déjà, de constituer sa bibliographie complète. Ce mouvement de dispersion de l’écrit, de croisement avec des artistes, d’autres écritures est conforme au « style » de Charles Pennequin : phrases rythmées, presque percutées, progressant pied à pied toujours plus loin en soi, le soi qui est la langue et le malaise de la langue, le soi qui ne sait pas très bien combien il est mais qui tente, tout de même d’y voir un peu plus clair dans tout ce magma, de trier, de compter, d’énumérer...

D’ailleurs, évacuons d’emblée la question du genre et tant pis pour les rayons des librairies. Prose ? poésie ? prose poétique ? Prose et poésie. Ponge aurait sans doute parlé de proésie. En tout cas une écriture qui excède ces questions de plus en plus obsolètes. Textes indécidables. Certaines écritures dites critiques en font également partie. Je serai bien en peine de dire si Charles Pennequin écrit du roman ou de la poésie. Lorsqu’on parle de création littéraire, de telles divisions deviennent caduques – de faire œuvre, s’entend, pas de production commerciale...

Charles Pennequin, donc, travaille la langue à même sa matérialité. Si l’on voulait céder à la facilité de la comparaison, on parlerait de quelque chose d’un Beckett mâtiné de Céline. Pour ne pas dire la répétition obsédante, progressive, haletante, l’oralité en plus. L’oralité héritée et réappropriée, digérée, recrachée avec plein de petits bouts de soi qui dépassent, plus ou moins éraflés, sans stature ni pose. Charles Pennequin est loin de se regarder écrire. Ce serait même le mouvement inverse. Il écrit pour voir quelque chose. Voir se former quelque chose sans rechercher le carcan d’une forme. Comme dans cette lecture-performance où il prononce une phrase comme les enfants lisent pour la première fois une unité grammaticale tout entière sur le tableau noir. Il dit une phrase ainsi, lentement et avec une certaine difficulté, enchaînant les mots en les déhanchant un peu, tout en l’écrivant tout attachée (sans séparer les mots entre eux) sur une feuille blanche. En général, il est assis à un petit bureau avec une petite lampe, tout penché sur la feuille, d’un air appliqué. La page terminée, il prononce pareillement une autre phrase. Le mouvement de succession des pages semble sans fin. En général, il effraie un peu. Impression d’étouffement, de fascination. Avec envie de sortir, de s’enfuir en courant. On a l’impression que cela ne finira jamais, que ce n’est pas fait pour finir. Le bureau à l’air trop petit pour lui. Ou alors l’effet de réminiscence scolaire est tellement fort que le souvenir déforme le mobilier et nous replonge dans nos salles de classe respectives, quand les signes autrefois opaques qui recouvraient murs et livres sont devenus peu à peu familiers, avec plus ou moins de douleur selon les cas...

Lire et écouter Charles Pennequin, c’est vivre cette expérience-là. Une renaissance dans la langue qui est création de sa propre langue. Un mouvement d’une violence extraordinaire, pourtant sans coups d’éclat ni effet thématique facile. Toute l’efficacité subversive vient de là. En soi, sans gesticulation. Un simple enchaînement de mots qui ruine la belle assurance du flot langagier qui nous noie, chaque jour. Une entreprise proprement révolutionnaire.


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Série Reprint/Noprint (en bien sabré) # je-ne-sais-plus-combien...

dimanche, septembre 04, 2005

Love your enemiEs (speciale dedicace)

DanielJohnston1

Daniel Johnston chante et c’est un peu comme si vous étiez encore dans le rêve (celui qui finit par réveiller) comme si vous aviez bu comme si vous vous en foutiez comme si les formes aahhh les formes comme si ben oui quoi je fais ce que je veux comme si j’ai toujours huit ans comme si j’aime quand on entend bien la batterie faire boum boum boum.

Mais c’est vrai.

(Ni lo-, ni brut, juste)

What the world needs now, it’s love sweet love...

Il faut bien que ça grince un peu quelque part.

Dans le relief sans beauté belle, dans l’épaisseur de la vie, dans le faire ( trait de feutre écrasé, accord plaqué).

So...